Lors d’un concert de Mass Hysteria dans le Var en octobre dernier, j’ai eu la chance de rencontrer Samantha, une jeune femme malvoyante au parcours inspirant. Quelques jours après notre rencontre, nous avons poursuivi la discussion lors d’une interview en ligne. Samantha, 21 ans, m’a partagé son amour pour la musique métal, ses expériences dans les concerts, et les défis qu’elle surmonte en tant que personne malvoyante dans ce milieu.
Quand je demande à Samantha de se présenter, elle répond simplement :
Bonjour, je m'appelle Samantha, j’ai 21 ans, je suis malvoyante, j’habite à Paris et je travaille dans un spa, je suis masseuse. Voilà.
Ce qui frappe dès le début, c’est sa simplicité et son enthousiasme à partager son univers. Mais sa passion pour la musique métal remonte bien avant l’âge adulte.
Mon premier festival, je l’ai fait à un an, car mes parents adorent le métal. J’ai écouté plein d'autres trucs comme Claude François, Shakira, Violetta... Je me suis un peu perdue (rire), mais au final, je suis retournée vers le métal car c’est ce que j’aimais le plus.
Quand je lui demande de me parler de son groupe préféré, elle n’hésite pas une seconde :
Powerwolf, un groupe de power métal. Je les ai connus en 2019 lors d’un festival. Ils font des musiques sur les loups-garous, les vampires, c’est un peu fantastique, donc j’aime beaucoup.
Quant à ses souvenirs de concerts, elle évoque avec émotion Iron Maiden à Barcelone :
J’avais l’impression d’être dans la télé, car mon père regardait tout le temps le Blu-ray depuis que je suis toute petite. C’est l’un de mes meilleurs concerts.
Avec une centaine de concerts à son actif, Samantha a voyagé à travers l’Europe – Espagne, Italie, France – pour vivre sa passion.
Pour Samantha, les concerts sont autant une source de plaisir que de défis :
Quand on me voit arriver avec ma canne, on me dit : "Ah mais non, vous ne pouvez pas aller dans la fosse, c’est trop dangereux", alors que j’y vais depuis que je suis toute petite. Et ma canne, après, elle est rangée.
Elle souligne également le manque d’infrastructure adaptée dans certaines salles, où elle est parfois reléguée tout en haut, loin de l’action.
On ne différencie pas un malvoyant d’une personne en fauteuil. Moi, je préfère être devant que derrière.
Pour améliorer l’accessibilité, elle propose des solutions pratiques comme un service d’accompagnement dans les salles :
Certaines salles, comme le Zénith de Paris, ont deux files : une pour les personnes lambda et une pour les personnes handicapées. On nous amène à notre place assise ou jusqu’à la scène, et parfois, des bénévoles viennent vérifier si tout va bien. Ce serait bien de le faire partout.
Samantha parle avec beaucoup de gratitude de l’entraide qui règne entre les fans de métal.
Par exemple, à un concert de Tagada Jones à l’Olympia, c’était mon premier concert seule et j’avais vraiment peur. Il y avait un monsieur qui me tapait sur la tête pour me prévenir si quelqu’un allait slamer au-dessus de moi. Tout le long du concert, il m’a aidée.
Elle ajoute que les métalleux l’aident souvent à retrouver son chemin ou à rejoindre les transports après les concerts. Ce soutien renforce sa conviction que la communauté métal est accueillante pour tous.
Samantha encourage les jeunes malvoyants à surmonter leurs peurs et à s’impliquer dans la scène musicale.
Il faut oser. Une fois, à un concert d’Arch Enemy, on m’avait mise dans la zone handicapée, mais j’ai négocié pour aller dans la fosse. Un autre malvoyant, qui avait peur, m’a vu faire et n’a pas osé. Je lui ai dit : "Tu vois, il faut oser demander." Ça se passe bien en général, et tout le monde est sympa dans un concert.
Samantha n’a pas fini de parcourir les salles et festivals. Parmi ses envies, refaire le Hellfest, qu’elle a découvert le temps d’une journée :
J’aimerais beaucoup faire les quatre jours. J’adore le Hellfest, mais pour l’accessibilité, c’est compliqué.
Avant de conclure l’interview, elle me confie :
Ce soir, je vais voir Freedom Call. Il me semble que c’est du power métal.
Samantha est une véritable inspiration, un exemple de détermination et de passion. Malgré les obstacles, elle continue de vivre sa passion pour le métal pleinement, prouvant que la musique est un langage universel, accessible à tous. Comme elle le dit si bien :
Il faut oser.
Merci à elle pour se témoignage, et n'hésitez pas à être présent pour vos Frêres et Soeurs du Metal !