METAL PULSE...
Dix lettres, deux mots... Une mission !
Celle de poser de vraies questions à ceux qui vivent la musique depuis les tranchées, loin des projecteurs mainstream et des discours convenus.
Après SKAPHOS et leurs rituels marins, nous voici dans les terres fantastiques du Sud-Est français, là où les dragons côtoient les blast beats et où l'authenticité se forge dans l'ombre des Alpes-Maritimes. ASHEN HEART. Un nom qui évoque déjà les cendres d'un monde révolu et la braise qui refuse de s'éteindre. Depuis Nice, Olivier et son crew tissent leur toile entre death metal brutal et épopées de Donjons & Dragons, transformant chaque concert en quête initiatique . Leur approche ? Celle du rôdeur moderne qui maîtrise autant les codes Instagram que les arcanes de la scène underground. VICTORY PRODUCTIONS, leur structure, devient alors bien plus qu'une simple production - c'est un étendard planté au cœur d'une région où les groupes fourmillent mais peinent parfois à franchir les frontières départementales. Car la scène du Sud-Est, c'est un peu ça : une communauté soudée qui se fragmente selon les genres, des salles qui ferment, des publics qui boudent...
Et pourtant, ils continuent aussi. Ils sortent "Dragons of Death", termine un tournée conséquente, construisent patiemment leur royaume à coups de riffs et de storytelling. Nous voulions savoir comment on survit dans cette jungle, comment on fait le pont entre passion authentique et communication moderne, comment on reste dragon quand tout pousse à devenir mouton.
Les réponses d'Olivier nous ont surpris par leur lucidité. Peut-être parce que, parfois, c'est dans les cendres que naissent les plus beaux feux.
Tu évolues avec ton groupe ASHEN HEART et ta production VICTORY PRODUCTIONS dans la scène metal du Sud-Est de la France (Nice) qui a, comme partout, ses propres codes - communauté soudée mais parfois fragmentée, difficultés à faire bouger les fans, peut-être moins de visibilité médiatique que d’autres régions où villes de France pour la culture metal. D'après ton expérience à Nice avec ASHEN HEART et VICTORY PRODUCTIONS, quels sont les vrais atouts spécifiques de cette scène ? Et surtout, qu'est-ce qui lui manque cruellement aujourd'hui pour se développer davantage ?
Réponse : Question très intéressante ! Dans le sud-est, nous avons une quantité insoupçonnée de groupes rock & metal, que ce soit des groupes de composition ou tribute d'ailleurs. Je pense que c'est en bonne partie dû à la présence de l'Altherax Music qui est le poumon de la musique alternative dans les Alpes-Maritimes. Ce lieu est un point de rendez-vous incontournable des musiciens qui y jouent mais qui viennent aussi assister aux concerts des autres. C'est une vraie communauté, bien qu'elle soit fragmentée comme tu le dis par les sous-genres de musique qui ont la dent dure. Ainsi, chaque association locale s'est spécialisée dans un genre : stoner, sludge, dark electro, etc. Avec Victory Productions nous avons naturellement pris le chemin du metal à tendance extrême. La raison est simple, c'est ce qu'on aime jouer, que ce soit avec Ashen Heart (Death Metal Mélodique) ou V Empire (Tribute to Cradle Of Filth), mais aussi écouter. Et on a beaucoup de chance car cette scène regorge de pépites qui ne demandent qu'à être découvertes en live, je pense à Etwas, Swarm, Dismo, Markarth et tant d'autres... Ce sont des groupes formés par des passionnés, leur musique transpire l'authenticité et l'interprétation en live vous donne la chair de poule, c'est génial ! Pourtant, tous ces groupes ont un mal fou à s'exporter et se faire connaître du public, la faute selon moi au manque de structure intérmédiaires qui permettraient de développer ce réseau de groupes. C'est ce qu'on essaye de faire avec Victory Productions avec nos moyens, nous tentons de développer cette scène en créant des rendez-vous comme nos Victory Fest, Victory Night, Victory Legends, etc. Ce sont des concepts de soirées qui permettent au public de découvrir des groupes sélectionnés pour leur genre musical ou leur thématique, et... ça marche plutôt bien ! Les résultats sont là, le public répond présent et se manifeste pour soutenir cette scène, j'espère que ça va continuer ainsi !
Votre concept puise directement dans l'univers de Donjons & Dragons - dragons, divinités, magie. Olivier, tu as surement une expérience personnelle du jeu de rôle qui nourrit ce concept. Comment est-ce que tu vois cette passerelle entre le metal et l'univers du JDR ? Est-ce que ça ouvre des portes vers de nouveaux publics qui ne seraient pas venus au metal autrement ?
Réponse : Effectivement, je suis un passionné des mondes fantastiques, des dragons et tout particulièrement du jeu de rôle "Donjons et Dragons" que je pratique depuis de nombreuses années. Nous ne sommes pas les seuls à y faire référence, je pense à Dragonforce, Gloryhammer, Summoning et bien d'autres. Je ne suis pas sûr que ça amène un nouveau public, souvent des rôlistes me disent qu'ils adorent l'idée et le clip de "The Mighty Wizard" mais que la musique est trop extrême pour eux. Et je le comprends très bien, ça reste du Death Metal pas des musiques issues du Club Dorothée haha ! En revanche ça nous permet de nous démarquer par un positionnement fort sur cette thématique du medieval fantasy avec nos visuels, paroles et nos épées sur le dos lorsque nous jouons sur scène. Le public y adhère car il peut attester de l'authenticité avec laquelle nous retranscrivons cet univers à travers notre musique.
Vous êtes plutôt efficace dans votre communication sur les réseaux – Instagram et facebook fonctionnent bien, votre présence digitale est cohérente. Mais on voit que la communication musicale évolue vite : formats ultra-courts, IA, nouvelles plateformes... Comment vous voyez les choses dans 2-3 ans ? Est-ce que le metal va devoir s'adapter à ces nouveaux codes, ou bien penses-tu que l'expérience physique - concerts, rencontres directes - va reprendre le dessus face à cette saturation numérique ?
Réponse : Merci pour le compliment, ça demande énormément de travail de recherche, de refléxion et de discipline. Je n'invente pas grand chose, je me renseigne sur ce qui se fait déjà et j'essaie de l'adapter à notre image. Le sujet de ta question est passionnnant, on vit actuellement une révolution sur une autre révolution. En l'espace de quelques dizaines d'années, nous sommes passés d'un modèle du CD, au walkman digital, au téléchargement massif, puis aux plateformes numériques comme YouTube, Spotify et Deezer. Et maintenant l'IA vient tout bousculer avec tout un tas de questions philosophiques et business. Je pense que ceci va accélérer la démarcation des publics, je veux dire par là que les passionnés se spécialiseront et iront toujours plus creuser la scène émergente à travers les différents genres qu'ils apprécient tandis que le gros du public metal se laissera bercer par les grandes playlists et radios qui inclueront à la fois des classiques et à la fois des musiques générées par IA. L'enjeu va être de savoir si cette scène émergente pourra toujours exister à travers ces passionnés ou est-ce que la France va devenir un pays ou Metallica et AC/DC viennent jouer tous les 5 ans.
Quelles ont été vos principales actualités cette année avec ton groupe et ta production, et qu'est-ce qu'on peut attendre de vous dans les mois à venir ?
Réponse : Cette année a été très riche pour ASHEN HEART ! Nous avons pu finaliser notre premier album "Dragons of Death" qui devrait sortir en début d'automne, nous en sommes très fiers ! L'album est entièrement basé sur Donjons et Dragons, on peut y trouver des références aux différents dragons de cet univers, aux elfes, aux magiciens et d'autres surprises ! Aussi, nous avons eu l'occasion de jouer un peu partout en France et même en Italie et en Suisse à travers notre tournée "Dragons of Death 2025" afin de promouvoir ce nouvel album. C'était notre première tournée de plus de dix dates, une expérience géniale qui nous pousse à faire toujours plus ! Merci Le Petit Salon de Metal pour votre travail et investissement dans ce milieu qui en a besoin et qui le mérite, on se retrouve le 20 Septembre à Ambérieu-En-Bugey, "Victory" !
Pour conclure encore une fois, je vous laisse avec un clip de leur dernière album : The Mighty Wizard...