
Connaissiez vous l’histoire de Peter Stumpp, le loup-garou de Bedburg dont parle la chanson «1589» de Powerwolf ou également la chanson «The Werewolf of Bedburg» du groupe de heavy metal Macabre ?Mais qui est ce loup garou dont l’histoire retiendra le meurtre de 14 enfants et 2 femmes enceinte ?
Lorsque l’on parle des cas de lycanthropie, il est impossible de ne pas mentionner Peter Stumpp, Le loup-garou de Bedburg, l’un des plus célèbres et des plus sinistres loup-garou de l’histoire.
Cette affaire est particulièrement bien renseignée grâce à l’existence miraculeuse de documents de l’époque parvenus jusqu’à nous. Voici l’histoire de Peter Stumpp, que l’on connaît aussi sous le nom de Peter Stumbb, dont la légende raconte qu’il était encore sous sa forme de loup-garou juste avant d’être capturé.
Peter Stumpp ou Peter Stuppe est né dans le village d'Epprath, près de Cologne. Sa date de naissance n'est pas connue, les registres paroissiaux ayant été détruits pendant la guerre de Trente Ans (XVIIe siècle). Fermier riche, il était un membre influent de sa communauté rurale. Dans les années 1580, il aurait été veuf avec deux enfants, une fille appelée Beele (Sybil), qui semble avoir plus de quinze ans, et un fils d'un âge inconnu.
Dans les années précédant son jugement, il a eu une relation intime avec une parente éloignée appelée Katharina Trompen. Condamné à mort après avoir avoué sous la torture être un tueur en série et un cannibale. Il aurait été confondu alors qu'il s'apprêtait à commettre un nouveau crime atroce, voulant mordre une fillette et les villageois, alertés, l'auraient poursuivi, l'un d'entre eux lui sectionnant une main alors qu'il tentait de fuir dans la forêt. Capturé peu après, il est confondu à cause de sa main coupée.

En 1589, Stumpp a eu un des plus sinistres et célèbres jugements de loup-garou de l'histoire. Après avoir été soumis à un début d'écartèlement, il a admis pratiquer la magie noire depuis ses 12 ans. Il y dit que le diable lui avait donné une ceinture magique lui permettant de se métamorphoser en prenant l'apparence d'un loup. Pour revenir à sa forme humaine, il devait enlever sa ceinture.
Stumpp a également avoué avoir été, pendant 25 ans, « un buveur de sang insatiable » qui s'était gorgé de chair de chèvres, d’agneaux, et de moutons, aussi bien que de celles d'humains. Il a reconnu avoir tué et mangé au total 14 enfants, 2 femmes enceintes, et leurs fœtus. L'un des 14 enfants était son propre fils.
Outre ces accusations, Stumpp fut également accusé d'inceste avec sa fille (condamnée à mort avec lui), et avec une parente éloignée. En outre, il a également admis avoir eu des rapports avec un succube qui lui aurait été envoyé par le diable.
« Parmi tous ceux à avoir jamais vécu, aucun ne fut comparable à ce chien de l’enfer », affirma un compte-rendu de son exécution.
Le 31 octobre 1589, une foule immense se réunit dans la ville de Bedburg pour assister à l’exécution. Stumbb souffrit le martyre. A la hauteur des abominables crimes qu'il avait confessés, son exécution fut l'une des plus brutales possibles : il a subi le supplice de la roue.
Tout d'abord il fut écorché vif, puis ses membres ont été cassés à coups de maillet. Il a été finalement décapité puis brûlé sur un bûcher. Sa fille Sybil (Beell) et sa maîtresse Katharina ont été étranglées et brûlées avec lui. Comme avertissement, les autorités locales ont érigé un poteau avec la roue de torture et la figure d'un loup au-dessus, ainsi que la tête tranchée de Stumpp.

Si le procès et la mise à mort sortaient du lot, le cas Peter Stumbb n’est pas un cas isolé. En Europe, entre le 15e et le 18e siècles, famines, pestes, guerres et luttes religieuses donnèrent lieu à toutes sortes de superstitions; on se mit à craindre les sorcières (femmes), et les loups-garous (hommes).
Les accusations de lycanthropie sont souvent liées aux accusations de sorcellerie même si bien moins fréquentes. Certaines régions où les loups ont été presque totalement éradiqués n’ont visiblement jamais connu de procès pour lycanthropie.
Les épisodes lycanthropiques viennent principalement dans des régions boisées où vivaient des loups sauvages et riche en élevage (Allemagne, France). La crainte des loups sauvages se mua en peur des loups démoniaques. En effet, entre la présence avérée de loups atteints de la rage et « crimes » commis par des loups-garous, il n’y avait qu’un pas.
On recense environ 300 procès pour lycanthropie en Allemagne lors de l’époque moderne contre 30 000 à 45 000 pour sorcellerie.
Les personnes accusées de lycanthropie étaient généralement des hommes, pour la plupart étaient des bergers. «On considérait que les loups étaient forts, violents et agressifs, des traits que l’on associe généralement aux hommes», explique Brian Levack, professeur d’Histoire de l’Université d’Austin.
Selon la plupart des témoignages de contemporains de Peter Stumbb, ce dernier se transformait en lycanthrope en mettant une ceinture en peau de loup que lui avait donné le diable. B.Levack attire l’attention sur le fait que les loups-garous avaient tous recours à un instrument pour se transformer, une caractéristique de la sorcellerie masculine, tandis que les formes de magie de village pratiquées par les sorcières, consistaient principalement en des sorts, des malédictions ou diverses concoctions.

La source la plus complète sur le cas est une brochure de 16 pages éditée à Londres en 1590, traduite d'un texte allemand dont aucune copie n'a survécu. La brochure, redécouverte en 1920, décrit la vie de Peter Stumpp, les crimes dont il a été accusé, son procès et de nombreuses déclarations de témoins et de voisins. Des informations complémentaires sont fournies par le journal de Hermann von Weinsberg, un échevin de Cologne, et par un certain nombre de feuilles illustrées imprimées dans le sud de l'Allemagne. Les documents originaux sont quant à eux perdus pendant les siècles suivants.
Bien qu'il soit possible qu'il ait réellement été un meurtrier, un certain nombre de détails dans la brochure de Londres ne concordent pas avec les faits historiques. Ainsi, la participation de représentants de la haute aristocratie semble a priori étonnante.
D'autre part, les années 1582 à 1589 ont été marquées par des guerres internes dans l'électorat de Cologne, après l'introduction du protestantisme par l'ancien archevêque Gebhard Truchsess von Waldburg. Le meurtre et la violence étaient alors monnaie courante. Stumpp était certainement converti au protestantisme et était soutenu par le comte Adolf de Neuenahr, seigneur de Bedburg.
Après que les protestants eurent été défaits en 1587, le château de Bedburg tomba entre les mains du comte Werner de Salmonella-Reifferscheidt-Dyck, prêt à tout pour rétablir le catholicisme. Il n'est donc pas inconcevable que le jugement du prétendu loup-garou ait été un jugement politique afin de terroriser la population protestante du territoire. Cette hypothèse peut expliquer la présence inhabituelle de hautes personnalités à son procès et à son supplice.
Enfin il est observé que Stumpp est proche de l'allemand Stumpf qui signifie moignon. Étant donné le rôle que joue son bras coupé dans l'histoire, cela milite pour une construction essentiellement apocryphe de cette histoire extraordinaire.
